Jane Eyre de Charlotte Brontë

Jane Eyre est un grand classique de la littérature anglaise que j’avais lu il y a de nombreuses années avant de voir plusieurs adaptations télévisées. Si, à l’époque, je m’étais attachée à l’histoire d’amour tourmentée de Jane et Edward Rochester, aujourd’hui ma relecture a plutôt été marquée par le côté féministe de ce roman.

Publié en 1847, sous le pseudonyme de Currer Bell, Jane Eyre met en effet en scène une héroïne résolument féministe, revendiquant son indépendance, son droit d’agir, d’aimer et d’être aimée.

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Titre : Jane Eyre

Auteur : Charlotte Brontë

Éditeur : Folio Clasique

Pages : 832

Année de parution : 1847

Genre : classique, littérature anglaise

 

L’histoire


Jane Eyre est une jeune orpheline placée sous la tutelle de sa tante Mme Reed, qui la déteste et la maltraite. Elle place l’enfant dans un pensionnat, institution de charité extrêmement strict ou les enfants sont brimés et affamés. Intelligente et assoiffée de connaissances, Jane y poursuit ses études jusqu’à obtenir elle-même un poste d’enseignante. Mais rêvant de nouveaux horizons, elle postule à un poste de préceptrice au manoir de Thornield ou elle s’occupe de la pupille de Mr Rochester, un homme ombrageux. Jane se plaît en ces lieux et finit par s’éprendre de Mr Rochester. Cependant, un mystère plane sur la demeure…

A noter : la suite de cette chronique dévoile en grande partie l’histoire donc attention si vous n’avez pas lu le roman ou vu le film et que vous souhaitez garder le mystère  du dénouement !

Mon avis


Cette toute jeune femme (il ne faut pas oublier qu’à la fin du roman, Jane Eyre a à peine 20 ans), d’apparence menue et effacée, fait preuve d’un caractère bien trempé. Dès son plus jeune age, malgré la tyrannie de sa tante Mrs Reed et malgré les brimades endurées au pensionnat de Lowood, elle garde la tête haute et ses convictions. Elle ne cesse de clamer sa liberté d’être, de penser et d’aimer et agit en conséquence. Elle est dotée d’une grande intelligence et d’une soif d’apprendre marquée tout au long du récit.

Jane Eyre n’est pas une héroïne accomplissant des actes de bravoure et luttant pour des causes désespérée. C’est une jeune femme simple, discrète, réfléchie, ancrée dans la réalité de son époque et féministe du quotidien, ce qui, à mon sens est encore plus transgressif. Elle révèle, dès l’enfance et tout au long de son parcours, une force de caractère impressionnante, dissimulée sous une apparente politesse et sérénité. Elle est prête à  tout perdre plutôt que de se laisser dicter ses actes et ses opinions.

J’ai trouvé que la rencontre de Jane Eyre et d’Edward Rochester est, en quelques lignes, un résumé de leur histoire et est également une parabole féministe. En effet, lorsqu’ils se croisent, lui est à cheval et donc la domine. Mais il est désarçonné et tombe de cheval (il avouera plus tard l’effet qu’elle avait produit sur lui). Elle, toujours calme, lui propose son aide. Déjà il la manipule en découvrant son identité sans, de son côté, lui révéler qu’il est le maître de Thornfield. Si, au départ il refuse son aide et donne l’impression de gérer la situation en la commandant, finalement il va devoir s’appuyer sur elle pour repartir.

J’ai aimé l’antagonisme entre Rochester et St John. A priori Rochester se présente comme le cavalier noir, sombre et mystérieux, au physique peu attrayant, qui a vécu une vie dissolue, alors que St John, pasteur dévoué à sa cause, âme charitable et bel homme serait le chevalier blanc. Dans la 1ere partie du récit, Rochester manipule Jane à plusieurs reprise : lorsqu’il se déguise en voyante pour sonder ses sentiments, lorsqu’il lui fait croire qu’il va épouser.  Mlle Ingram et enfin, lorsqu’elle lui fait part de l’apparition (de Bertha) dans sa chambre la nuit précédant le mariage, il lui laisse entendre qu’elle a rêvé, l’infantilisant presque. Traîtrise suprême, il la mène jusqu’à l’autel alors qu’il est déjà marié. C’est ce qui poussera Jane à fuir et qui, indirectement, mènera Rochester à sa déchéance physique et matérielle.

Au contraire St John apparaît comme le sauveur qui recueille Jane puis la pousse à trouver un emploi où ses qualités intellectuelles seront employées à leur juste valeur. C’est lui qui lui permet d’accéder à l’héritage de son oncle dont elle n’avait pas connaissance. Mais derrière cette façade, St John ne la voit que comme un outil, un moyen d’accomplir ses objectifs personnels et sa mission en Inde. Il crée un lien de domination envers Jane et s’offusque lorsque celle-ci se rebelle et refuse de lui obéir.

Là ou Rochester a agit par amour, St John agit par ambition. L’un l’aime et l’autre non. Au final, l’image des deux hommes s’inverse totalement : Rochester laisse à Jane la liberté de ses choix. Leur couple est désormais basé sur l’égalité et la réciprocité.

Face à cette « rédemption », l’auteure accorde à Rochester de recouvrer en partie la vue. Au contraire, les dernier mots du roman sont de mauvaise augure pour St John, devenu un personnage antipathique.

Finalement, les épreuves qu’a du surmonter Jane lui ont permis d’accéder à la vie qu’elle souhaitait. Si le 1er mariage avait eu lieu, il n’aurait pas été totalement conforme à ses attentes. Rochester y aurait gardé la position dominante : maître des lieux, détenteur de la fortune du couple, employeur de Jane, expérience plus poussée qu’elle grâce à ses voyages et à sa connaissance du monde. En le quittant, elle a pu se libérer de cette domination, se forger sa propre expérience, se trouver une famille et subvenir seule à ses besoins. C’est donc en position d’égale qu’elle peut enfin retrouver Rochester. D’ailleurs, elle n’hésite pas à inverser les rôles et, tout comme lui l’avait rendue jalouse avec Mlle Ingram, elle attise sa jalousie en lui parlant de St John.

Pour en finir, j’ai trouvé que la formule utilisée par Jane pour annoncer son mariage n’est pas anodine « Lecteur, je l’ai épousé ». Jane ne s’est pas simplement mariée avec Rochester, c’est ELLE qui l’a épousé. Jane Eyre a définitivement pris les rennes de son destin.

 

Informations complémentaires


Les adaptations de Jane Eyre à l’écran (edit 21/01/2018)

jane-eyre-1996Jane Eyre a été adapté de nombreuses fois à l’écran, cinéma comme télévision. Pour ma part j’ai vu 3 versions.

La 1ere version que j’ai vu est celle de 1996 tournée par Franco Zeffirelli avec Charlotte Gainsbourg et William Hurt dans les rôles principaux.

Cela fait très longtemps et je n’en ai plus beaucoup de souvenir. Je n’en ai gardé qu’un impression de drame sombre, d’histoire d’amour triste et tourmentée.

jane-eyre-2012Plus récemment, j’ai regardé la version de 2012 avec Mia Wasikowska et Michael Fassbender.

Les paysages sont magnifiques et la musique apporte beaucoup. Le réalisateur a opté pour une esthétique résolument gothique du film.

Je trouve cependant qu’il est difficile de résumer l’œuvre de Charlotte Brontë en un film de 2 heures donc certains passages sont passés vraiment trop rapidement pour révéler toute la profondeur du roman. Agréable à regarder mais loin d’être à la hauteur du livre.

jane-eyreEnfin, mon adaptation préférée est la mini série de la BBC de 2006. Le format en 4 épisodes d’une heure permet un meilleur développement de l’histoire. La série est d’ailleurs fidèle au livre. J’ai apprécié le jeu des acteurs, Ruth Wilson et Toby Stephens, même si ce dernier me semble trop beau par rapport à la description de Rochester faite par Charlotte Brontë. La aussi, le décor est parfait avec de beaux paysages anglais.

Mais je reste définitivement plus conquise par le roman que par ses adaptations !

 

 

mois-anglais-bannièreLivre lu dans le cadre du Mois anglais organisé par Cryssilda et Lou. 

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Livre lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois de Bianca

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