Balzac et la petite tailleuse chinoise est un livre que j’avais eu, un peu par hasard, dans le cadre d’une promotion « 2 achetés = 1 gratuit ». Je trouve ces opérations formidables car, au delà de leur intérêt pécuniaire non négligeable, elles me permettent de découvrir des livres vers lesquels je ne serais pas allée d’ordinaire.
J’ai eu envie de lire ce roman dans le cadre de la rubrique Destination Asie du challenge Printemps de Lire et je n’ai pas été déçue : ce livre m’a littéralement transportée !
Titre : Balzac et la petite tailleuse chinoise
Auteur : Dai Sijie
Editeur : Folio
Pages : 229
Date de parution : 2000
Genre : Littérature chinoise, Contemporain, Roman historique, Autobiographie
L’histoire (4ème de couverture)
« Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l’ouvrîmes silencieusement. A l’intérieur, des piles de livres s’illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais: Dickens, Kipling, Emily Brontë…
Quel éblouissement! Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara: – avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »
Mon avis
Ce livre m’a bouleversée et transportée. Alors qu’il traînait sur mes étagères depuis longtemps, une fois que je l’ai ouvert, je ne l’ai quasiment pas quitté avant la fin.
Ce récit, autobiographique, traite de la période de la révolution culturelle chinoise dans les années 1970. Après l’échec de sa politique industrielle du « grand bond en avant », Mao Tsé-toung tente de reprendre le pouvoir en s’appuyant sur la jeunesse avec la « révolution culturelle » qui dure de 1966 à 1976. Mais loin d’être une avancée culturelle, il s’agit plutôt d’une campagne de répression violente des intellectuels qui avaient critiqué la politique du Grand Timonier. Dans un mouvement rétrograde les œuvres artistiques et littéraires traditionnelles chinoises sont détruites, la culture occidentale est bannie, toute forme de religion est interdite, les universités sont fermées et des milliers de jeunes lycéens urbains et instruits sont envoyés de force dans les campagnes pour y être « rééduqués » par les paysans pauvres.
Le narrateur, un collégien, est envoyé en 1971 au Phenix du Ciel, montagne désolée de la province du Sichouan, pour y être rééduqué. Le motif : il n’est certes pas encore lycéen mais ses parents sont médecins. Il est accompagné de Luo, le fils d’un éminent dentiste considéré comme un grand ennemi du peuple.
Du matin au soir, les deux amis doivent travailler, transporter de l’engrais, remonter des seaux de charbons des conduits étroits et dangereux des mines, le tout sous l’œil attentif et les brimades des villageois.
Mais, par chance, trois choses vont venir embellir leur vie. Tout d’abord, le chef du village, fasciné par les talents de conteur de Luo, va les autoriser à se rendre de temps à autre au cinéma de la ville avec pour mission de raconter ensuite l’histoire au village. Ensuite, il vont faire la rencontre de « la petite Tailleuse » dont Luo va immédiatement tomber amoureux. Enfin, il vont découvrir qu’un de leur amis rééduqué, fils d’une poétesse, a caché une valise pleine de livres interdits.
Poussés par la Petite tailleuse, avide de ces lectures depuis qu’il lui ont fait découvrir Balzac, ils vont voler la valise.
Balzac, Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoi, Gogol, Dostoievski, , Dickens, Kipling, Emily Bronte… tout un univers s’offre à eux !
J’ai aimé ce roman parce que, malgré des conditions de vie difficile, un travail épuisant, la séparation d’avec leurs parents, l’incertitude de leur situation, les deux garçons gardent espoir et confiance en l’avenir. Alors que le contexte est grave, ils gardent la malice et la fraîcheur de leur age.
Ensuite, grace à ses très belles descriptions, ce roman m’a littéralement transportée dans les paysages chinois : dans les brumes de cette montagne du Phénix, face aux rizières, devant le torrent et la petite baie rocheuse ou Luo et la Petite Tailleuse se retrouvent…
Enfin, ce roman est un véritable hymne à la lecture. Il démontre combien la littérature est source de liberté, d’évasion, de richesse, d’ouverture, de plaisir et d’espoir ! La littérature est une forme de résistance en ces temps d’oppression.
Informations complémentaires
Biographie de Dai Sijie
Tout comme le personnage de son roman, Dai Sijie, né en Chine en 1954, est fils de médecins. Dans le cadre de la révolution culturelle, il est envoyé en 1971 en rééducation dans la province du Sichouan jusqu’en 1974.
A sa libération, il reprend ses études au lycée puis étudie l’histoire de l’art à l’université. En 1984, il obtient une bourse pour suivre ses études à l’étranger et arrive en France pour intégrer l’IDHEC.
Il réalise 3 films : Chine ma douleur (1989), Le mangeur de lune (1994), Tang le onzième (1998). Mais c’est avec son premier roman autobiographique, Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise, qu’il rencontre le succès. Il a lui même adapté son livre à l’écran en 2001.
Le film Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise
Sorti en octobre 2002, le film Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise a été réalisé par Dai Sijie lui-même.
Les roles principaux sont tenus par Zhou Xun (la petite tailleuse chinoise), Chen Kun (Luo), Liu Ye (Ma),Suang Bao Wang (le chef du village), Xu Zu (le vieux tailleur).
Ce film a été nominé au Festival de Canne en 2002 pour le prix Un Certain Regard ainsi qu’aux Gloden Globes 2003 dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère.
Je n’ai pas encore eu la chance de voir ce film mais la bande annonce m’a laissé entrevoir de très beaux paysages et une musique dépaysante.
[…] j’apprécie les récits très romancés sur une toile de fond historique (comme dans Balzac et la petite tailleuse chinoise ou Marche à l’étoile), j’ai un peu de mal à accrocher à ceux qui sont totalement […]
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Oh ce que tu en dis est très touchant et me donne très envie de le lire. J’aime beaucoup cette idée de livres dans le livre. Cela doit donner envie de se plonger dans les classiques.
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Effectivement, cela donne envie de se replonger dans ces grands romans, surtout dans le Conte de Monte Cristo dont les deux héros nous font la lecture.
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Contente que tu l’aies aimé ; de mon côté, je n’avais pas été tellement transportée, même si j’ai beaucoup appris de ce roman !
(As-tu eu le message que je t’ai envoyé via ta page contact ?)
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Excuse-moi, je n’avais pas vu ton mail ! On peut se donner une date de publication de nos chroniques au 15/06, si ça te va 😉
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D’accord, pas de souci !
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