Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne et Raphael Stevens

Hier paraissait dans les quotidiens les résultats inquiétants d’un rapport de l’ONU sur la biodiversité. Selon les experts, un million d’espèces animales et végétales sont déjà menacées d’extinction et, sans un changement profond, c’est l’humanité même qui court à la catastrophe.

Ce cri d’alarme n’a pas été sans me rappeler un livre que j’ai lu très récemment intitulé Comment tout peut s’effondrer – Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes écrit par Pablo Servigne et Raphael Stevens. La collapsologie désigne l’étude de l’effondrement de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder. Dans cet ouvrage, les deux auteurs font le même constat alarmant et nous dressent le portrait d’une catastrophe annoncée.

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Titre : Comment tout peut s’effondrer – Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes.

Auteurs : Pablo Servigne et Raphael Stevens

Editeur : Seuil – collection Anthropocène

Pages : 304

Parution : 2015

Genre : Littérature française, Essai

4ème de couverture


Et si notre civilisation s’effondrait ? Non pas dans plusieurs siècles, mais de notre vivant. Loin des prédictions Maya et autres eschatologies millénaristes, un nombre croissant d’auteurs, de scientifiques et d’institutions annoncent la fin de la civilisation industrielle telle qu’elle s’est constituée depuis plus de deux siècles. Que faut-il penser de ces sombres prédictions ? Pourquoi est-il devenu si difficile d’éviter un tel scénario ?

Dans ce livre, Pablo Servigne et Raphaël Stevens décortiquent les ressorts d’un possible effondrement et proposent un tour d’horizon interdisciplinaire de ce sujet – fort inconfortable – qu’ils nomment la « collapsologie ». En mettant des mots sur des intuitions partagées par beaucoup d’entre nous, ce livre redonne de l’intelligibilité aux phénomènes de « crises » que nous vivons, et surtout, redonne du sens à notre époque. Car aujourd’hui, l’utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant. L’effondrement est l’horizon de notre génération, c’est le début de son avenir. Qu’y aura-t-il après ? Tout cela reste à penser, à imaginer, et à vivre…

 

Mon avis


Un livre qui n’est pas facile à lire mais qui est nécessaire. Comment serait-il facile de lire que notre avenir est plus que lourdement menacé ? Qu’à courte échéance notre société est vouée à l’effondrement ? Que notre mode de vie et de consommation doit être totalement repensé si nous voulons avoir une chance de survivre ?

Rester dans le déni n’est pas la solution. Ce livre nous ouvre donc les yeux sur la globalité des problèmes actuels et leurs enjeux.  Un livre apocalyptique mais qui n’est hélas ni de la science fiction, ni même futuriste, juste un constat de l’état actuel du monde et de son avenir à court terme.

« C’est un livre qui tente d’exposer lucidement les faits, de poser des questions pertinentes et de rassembler une boite à outils qui permette d’appréhender le sujet autrement que par les films catastrophe hollywoodiens, le calendrier maya ou la techno béatitude. »

Pablo Servigne (ingénieur agronome, docteur en biologie, spécialiste des questions d’effondrement, de transition, d’agroécologie et des mécanismes de l’entraide) et Raphaël Stevens (éco-conseiller et  expert en résilience des systèmes socioécologiques) nous livrent dans cet essai une étude de collapsologie en 3 parties : en 1er lieu ils posent les faits et les chiffres pour établir quelles sont les différentes crises actuelles. Dans un 2ème temps, ils relèvent les indices qui tendent à envisager un effondrement. En dernier lieu ils s’interrogent sur l’immobilisme général face à la théorie de l’effondrement et sur comment réagir.

Un discours réaliste et effrayant qui repose sur 4 postulats :

  1. la croissance de nos sociétés va s’arrêter prochainement
  2. nous avons altéré l’ensemble du Système Terre de manière irréversible.
  3. nous allons vers un avenir très instable
  4. nous pouvons être soumis à des effondrements systémiques globaux.

L’effondrement étant le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie…) ne seront plus fournis, à une majorité de la population par des services encadrés par la loi. L’effondrement pourrait recouvrir différents stades de gravité proportionnelle : effondrement financier (insolvabilité des banques, perte de valeur des monnaies), effondrement économique (fin de l’abondance des biens), effondrement politique (plus de services publics), effondrement social (émeutes), effondrement culturel (perte de l’empathie à l’égard des autres êtres humains, perte de l’humanité)….

Un tableau bien sombre mais dont il est nécessaire d’avoir connaissance si l’on veut réagir et se préparer au mieux.

Voilà ou nous en sommes. Pour nous préserver de trop grandes perturbations climatiques et écosystémiques, qui sont les seules à menacer l’espèce, il faut un arrêt du moteur.

Mon petit regret par rapport à cet ouvrage est le moindre développement des solutions à mettre en place et des actions à tenir dans le cadre de cet effondrement. Toutefois, j’ai appris que les deux auteurs ont publié un second ouvrage intitulé Une autre fin du monde est possible  – Vivre l’effondrement et ne pas seulement y survivre qui semble entièrement dédié à ce thème. Je le lirai très certainement et vous en parlerai sur le blog.

5 commentaires

  1. Ma mère m’a parlé de cet auteur et depuis je lis pas mal de choses sur son travail, pas encore le livre. Ça y est, enfin, la prise de conscience est globale, atteint enfin les citoyens et les hommes politiques. Les actions ne sont pas encore là, mais on sait que nous avons 40 ans de retard sur les actions nécessaires, et que l’on ne peut plus continuer à marcher sur la tête. Ça fait très peur et parfois je me demande si l’on peut continuer à être heureux dans ces conditions mais je suis sure qu’aller vers la décroissance sera aller à la rencontre de notre vraie nature d’humain … c’est la seule chose à espérer aujourd’hui, mais que ça se fasse en conscience ET avec joie.

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    • J’espère de tout cœur que la prise de conscience se généralise mais j’ai peur que les réponses apportées ne soient pas à la hauteur du problème.
      J’ai l’impression que la société de consommation, voire de surconsommation et de gaspillage ne cesse de croître, même si une petite partie de la population essaye de modifier ses habitudes.
      L’obsolescence programmée de tous nos objets du quotidien, la frénésie d’achat d’appareils technologiques (qui a dit qu’un téléphone devait être changé tous les 2 ans), la destruction systématique de millions de denrées et de produits manufacturés en parfait état par des grandes sociétés (pour ne pas citer Amazon)… Tout cela n’est pas pour me rassurer sur l’avenir de notre planète !

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      • On marche sur la tête c’est incroyable. Si l’on se contentait déjà de produire ce qui peut être consommé, de garder ses affaires plus longtemps … Je pense qu’il faut entrer en résistance, se tourner vers les produits solides, les matières premières ne vrac et sans emballage. C’est pas facile tous les jours, mais la société doit changer, et moins dure sera la chute pour ceux qui jouent le jeu dès maintenant !

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  2. Merci pour cette découverte ! Je pense le lire prochainement. si jamais ça t’intéresse, je donne mon avis sur le bouquin « transition écologique » de la famille zéro déchet sur mon blog. Ca pourrait éventuellement compléter ta lecture. 😉

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