Les adieux à la reine de Chantal Thomas

Voici un roman qui prenait la poussière sur mes étagères depuis un bon moment. Kathleen du sympathique blog Une vie des livres, ayant également ce livre dans sa PAL, nous avons décidé d’une lecture commune afin de nous motiver à lire ce roman historique. Après un peu de retard du au fait que je me suis trompée de livre (j’ai lu L’allée du roi de Françoise Chandernagor qui parle, certes d’une reine de France, mais pas de Marie Antoinette), j’ai enfin terminé la lecture du roman Les adieux à la Reine.

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Titre : Les adieux à la reine

Auteure : Chantal Thomas

Editeur : Points

Pages : 256

Parution : 2002

Genre : littérature française, roman historique

 

L’histoire (4éme de couverture)


Dans Vienne ruinée et humiliée par la victoire de Napoléon, Agathe-Sidonie, ancienne lectrice de Marie-Antoinette, se souvient. De l’année 1789. Du faste de la Cour, bien sûr. Et particulièrement, au lendemain de la prise de la Bastille, des derniers jours à Versailles auprès de cette reine si controversée, qui continue de la fasciner. Agathe-Sidonie s’est enfuie dans la nuit du 16 juillet 1789…

 

Mon avis


Malheureusement, j’ai eu du mal à accrocher à cette lecture. Je pensais que ce livre était centré sur Marie-Antoinette, ce qui n’est pas le cas. Le récit est fait par Agathe Sidonie Laborde qui fut lectrice de la reine. Elle nous narre, quasiment heure par heure, les événements qu’elle a vécu à Versailles les 14, 15 et 16 juillet 1789.

Si ce roman est intéressant d’un point de vue historique, j’ai peiné à rentrer dans le récit car je me suis sentie mise à distance. Le style de Chantal Thomas est un peu froid. Je n’ai pas réussi à apprécier le personnage d’Agathe Sidonie, dont on sait finalement peu de chose. Quand à Marie-Antoinette, le fait qu’elle soit présentée via Agathe, qui n’en est pas vraiment proche, ne permet pas de la cerner véritablement.

Au début du roman, la reine Marie Antoinette nous est présenté de manière assez différente de l’image qu’on s’en fait :

La reine, chez elle, évitait de donner des ordres. Elle suggérait, indiquait, demandait chaque chose comme un service qu’on voudrait bien lui rendre et pour lequel elle serait infiniment reconnaissante. Elle était d’une parfaite politesse avec le moindre de ses serviteurs et ne manifestait jamais à leur égard ni d’impatience ni de brusquerie. maternelle et volontiers joueuse avec ses jeunes pages, elle parlait à ses femmes sur un ton d’amitié et même de complicité.[…] Cette douceur des relations, des gestes et du ton de voix prolongeait l’extrême élégance  de tout ce qui la touchait – vêtements, meubles, décors.

On découvre aussi une reine qui ne se sent pas à sa place à Versailles

Dès le début, Versailles m’a refusée. Versailles était déjà occupé, par le Grand Roi, qui ne l’a jamais quitté. Dans chaque salle ou j’entrais, il était là, en jeune homme, en vieillard, en danseur, en amant, en guerrier, toujours en gloire. Le château est sous sa surveillance. Ce ne sera jamais chez moi.

Très vite toutefois on comprend la dualité qui entoure cette reine : certains étant en adoration devant elle, d’autres, et notamment le peuple, la fustigeant et la trouvant froide et arrogante, la traitant d’étrangère.

Chantal Thomas nous décrit la vie en 1789 avec moult détails.On se retrouve dans les rues de Paris où la population a faim, souffre d’un manque d’hygiène et de mauvaises conditions de vie. A Versailles au contraire, même si l’hygiène n’est pas forcément meilleure, les nobles mènent grand train, se souciant peu de la misère du peuple.

« -Et si nous leur jetions des pièces ? Quelques louis pour les amuser ? Ils se battraient entre eux et pendant ce temps nous aurions la paix. Ce procédé a été maintes fois utilisé.

-Les amuser ? Il faut les bâtonner, les écraser, les passer au pilon. « 

A l’aube du 14 juillet 1789, on ressent les changements dans l’opinion publique au fil des heures. On voit les erreurs de communication du roi et surtout de la reine face à une situation à laquelle ils ne s’attendaient pas. La prise de la Bastille est une véritable surprise. A Versailles, nul ne s’attendait à un tel phénomène. Mais la nuit du 15 juillet 1789 est une nuit d’angoisse pour la royauté et la noblesse. La cour commence à réaliser l’ampleur du mouvement qui touche aussi leurs domestiques. Quand ils prennent connaissance de la liste des « 286 têtes à abattre pour opérer les grandes réformes nécessaires » (liste en tête de laquelle se trouve la reine), c’est la panique et tous cherchent à fuir au plus vite.

Vous l’aurez compris, mon avis est mitigé : je suis contente d’avoir lu ce livre qui m’a  permis de redécouvrir la période de la Révolution française et la façon dont les événements cruciaux suivant la prise de la Bastille ont été vécus au sein du Chateau de Versailles par la famille royale et la noblesse. Néanmoins, ce fut une lecture un peu fastidieuse et il m’a fallu pas moins d’une semaine pour lire ces 256 pages !

Pour un autre avis sur ce roman, vous pouvez lire la chronique de Kathleen parue aujourd’hui sur Une vie, des livres.

 

Informations complémentaires


Biographie de Chantal Thomas

Née en 1945 dans le Sud Ouest de la France, Chantal Thomas a enseigné dans plusieurs universités américaines et occupé le poste de directrice de recherche au CNRS. Spécialiste du XVIIIème siècle, et en particulier de Sade, Casanova, Marie Antoinette et les salons du XVIIIe siècle, elle s’est fait connaître auprès du grand public avec son roman Les adieux à la reine en 2002.

En 2016, elle est nommée officier de l’Ordre des Arts et des Lettres et officier de l’Ordre National du Mérite.

Œuvres principales : La Reine scélérate, Marie-Antoinette dans les pamphlets, Cafés de la mémoire,  Le Testament d’Olympe, Les adieux à la reine, L’échange des princesses, Souvenirs de la marée basse.

 

Adaptation du roman au cinéma

les-adieux-a-la-reineLes adieux à la Reine a été réalisé en 2012 par Benoit Jacquot sur la base du roman éponyme de Chantal Thomas.

Les rôles principaux sont tenus par Léa Seydoux (Agathe Sidonie), Diane Kruger (Marie Antoinette), Virginie Ledoyen (Gabrielle de Polignac) et Xavier Bauvois (Louis XVI).

Ce film a reçu le prix Louis Delluc du meilleur film de l’année  ainsi que 3 Césars en 2013 (meilleurs costumes – meilleurs décors – meilleure photographie).

Je n’ai malheureusement pas eu ‘occasion de voir ce film mais la critique presse était dithyrambique :

« Benoit Jacquot n’a pas son pareil pour transformer en spectacle palpitant et gracieux ce petit théâtre machiavélique du désir et de ses détours. Il réussit cette fois à le projeter dans un paysage tout aussi chaotique mais plus ample. La collision est fracassante.  » Les Inrockuptibles

« (…) un chef-d’oeuvre. (…) Le film est passionnant parce qu’il saisit le mouvement de l’Histoire en lui collant aux chausses sans faire de lyrisme pompeux. (…) Le film est touchant parce que tous les comédiens (Seydoux, Kruger, Ledoyen, Beauvois…) y sont à leur juste place. Une merveille (…).  »   L’express

7 commentaires

  1. Ah c’est dommage que ce n’est pas à la hauteur de tes/vos espérances. C’est vrai qu’il donne envie de prime abord rien que pour voir la révolution coté noblesse : ce qui est rarement le cas.

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    • Oui, il reste intéressant pour ce coté historique mais le style ne m’a pas convenu (et encore moins à Kathleen). Dommage.
      Par contre, je vais prochainement reprendre la lecture de L’allée du roi sur la vie de Mme de Maintenon qui me plait beaucoup (comme quoi mon erreur avait du bon) !

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  2. Nous avons le même ressenti, donc. J’ai bien aimé le style au début, par contre. Mais c’est vrai qu’il y a trop de distance entre Agathe-Sidonie et Marie-Antoinette, et du coup, elle se répercute sur le lecteur. Finalement, tu vois, j’avais oublié les passages que tu cites…

    Aimé par 1 personne

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