Le voyage d’Octavio de Miguel Bonnefoy

Première escale de mon voyage littéraire en Amérique latine : le Venezuela avec le roman Le voyage d’Octavio Miguel Bonnefoy. S’il écrit en français, cet auteur né d’une mère vénézuélienne et d’un père chilien a passé son enfance en Amérique du Sud. Son roman nous fait découvrir le Venezuela d’un petit bidonville aux forets luxuriantes

le voyage d'Octavio de Miguel Bonnefoy
  • Titre : Le voyage d’Octavio
  • Auteur : Miguel Bonnefoy
  • Editeur : France Loisirs
  • Parution : 2015
  • Pages : 190
  • Genre : Littérature franco-vénézuélienne, Contemporain

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L’histoire (4ème de couverture)


Le voyage d’Octavio est celui d’un analphabète vénézuélien qui, à travers d’épiques tribulations, va se réapproprier son passé et celui de son pays. Le destin voudra qu’il tombe amoureux de Venezuela, une comédienne de Maracaibo, qui lui apprend l’écriture. Mais la bande de brigands « chevaleresques », menée par Rutilio Alberto Guerra, pour laquelle il travaille, organisera un cambriolage précisément au domicile de sa bien-aimée. Avant que ne débute un grand voyage dans le pays qui porte son nom. Octavio va alors mettre ses pas dans ceux de saint Christophe, dans ceux d’un hôte mystérieux, dans ceux d’un peuple qu’il ignore.

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Mon avis sur « Le voyage d’Octavio »


Le roman s’ouvre sur un bidonville du Venezuela où, en pleine épidémie de peste, les habitants organisent une procession en l’honneur de saint Paul. Un heureux hasard met un citronnier sur leur route et l’utilisation de ce fruit aux propriétés antibactériennes permet de faire reculer l’épidémie. Le village de Saint Paul du Limon était né !

C’est là que vit Don Octavio, un homme simple et discret malgré son gabarit qui en fait une force de la nature. Don Octavio est membre d’une bande de voleurs d’œuvres d’art dont le chef, Guerra, aime se donner un côté chevaleresque et agit avec ruse et délicatesse pour spolier ses victimes.

Dans la famille de Don Octavio, on est alphabète de père en fils et Octavio a mis au point toute une série de stratagèmes des plus originaux pour cacher ce problème (comme de transporter à la pharmacie la table sur laquelle est écrite son ordonnance). Sa rencontre avec la belle Venezuela va bouleverser sa vie car celle-ci lui apprend non seulement les mots mais aussi l’amour.

Tout irait pour le mieux si Guerra n’imposait pas à Octavio de participer au prochain cambriolage. Lui qui d’habitude se contentait de transporter les objets dans le repaire de la bande, une église abandonnée, doit ici prendre une part active au vol. Or celui-ci a lieu chez Venezuela. Découvert par sa belle, Octavio n’a d’autre choix que de partir…

Commence alors pour lui un véritable périple à travers le pays, les villages, la forêt, jusqu’à un torrent réputé infranchissable. Ce n’est qu’après une série d’épreuves qu’Octavio reviendra à Saint Paul du Limon.

J’ai apprécié le sens de la description de Miguel Bonnefoy. Au travers de ses mots, l’auteur parvient à nous transporter au cœur de ce village vénézuélien.

« En ce temps-là, à Maracaibo, à l’ouest de Venezuela, il faisait si chaud qu’on faisait cuire des œufs sur le capot des voitures Sur les places, des hommes en cravate s’endormaient sous les mangroves, tandis que, des femmes debout, lasses et essoufflées, cherchaient l’ombre des poteaux électriques. A certaines heures, il y avait une telle épaisseur dans l’air que les mouches se laissaient écraser au lieu de s’envoler. Les commerces, les écoles, les bazars; les loteries, tout fermait peu avant midi pour ne rouvrir que vers quatre heures, quand l’ombre s’élargissait. »

Ce récit m’a semblé un peu « hors du temps ». Certains détails comme l’utilisation de voitures et de téléphones laissent supposer que l’époque est contemporaines mais l’ambiance générale est intemporelle.

Le personnage de Don Octavio est assez particulier. J’ai eu l’impression qu’il était détaché de tout. L’auteur met tellement de distance vis à vis de ce personnage, nous partage tellement peu ses pensées qu’il est difficile de le comprendre et de s’y attacher. D’homme simple, voire un peu fruste, Octavio endosse tour à tour le rôle de porteur de bonne nouvelle et de secours, de héros, de professeur. Et finalement, à la fin du roman, il devient lui-meme une allégorie, un symbole.

Si j’ai apprécié la première partie de cette histoire et le coté sensuel que l’auteur donne à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture par Octavio, je n’ai par contre pas adhéré à la seconde partie, trop métaphorique et mystique à mon goût.

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