Ici n’est plus ici de Tommy Orange

Voilà un livre de la rentrée littéraire qui avait fait grand bruit, finaliste du prix Pulitzer et du National Book Award. A force de le voir passer sur la blogosphère, j’ai eu envie de le découvrir moi-aussi. Connaissant peu la question de l’identité indienne aux USA, j’ai été très intéressée par le traitement de cette problématique par Tommy Orange, lui-même issu de la communauté des Cheyennes et ayant grandi à Oakland en Californie.

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Titre : Ici n’est plus ici  (There there)

Auteur : Tommy Orange

Éditeur : Albin Michel

Pages : 352

Parution : 2019

Genre : Littérature américaine, Contemporain

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L’histoire (4ème de couverture)


À Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d’une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d’une culture que l’Amérique a bien failli engloutir. À l’occasion d’un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l’expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux.

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Mon avis


Ici n’est plus ici s’ouvre sur un prologue engagé dans lequel Tommy Orange revient sur l’histoire des Indiens d’Amérique, ce peuple victime d’un véritable génocide. Les Indiens ont été contraints d’abandonner leurs terres, leur mode de vie et leurs coutumes pour rentrer dans le moule du « modèle américain ». C’est ainsi que les Amérindiens sont devenus urbains, contraints de remplacer les vertes prairies par le macadam des villes.

Ensuite, Tommy Orange nous dresse le portait d’Indiens d’aujourd’hui, un portait bien loin de l’image d’Epinal du « peau rouge » véhiculée aux USA. Ces indiens gardent le souvenir de ce qu’a été leur peuple mais ont du mal à définir leur identité et trouver leur place dans la nation américaine. Enfin, il pointe du doigt le fait que cette minorité  est malheureusement fortement frappée par le chômage, la précarité, l’alcoolisme, la drogue et le suicide.

Ici n’est plus ici prend la forme d’un roman choral. Douze personnages, douze portraits d’hommes et de femmes, de tous âges, indiens de souche ou métis, tous habitant Oakland en Californie, élevés dans la tradition indienne ou sans aucune connaissance de de leurs origines. Aucun n’a eu une vie facile mais certains ont la volonté de s’en sortir tandis que d’autres ont sombré dans l’alcoolisme ou la délinquance. Tous sont, consciemment ou non, en quête de leur identité.

Le problème ce n’est pas l’alcool. Il n’y a pas de lien particulier entre les Indiens et l’alcool. Simplement, ça n’est pas cher, c’est disponible à volonté et c’est légal. C’est ce vers quoi on se tourne quand on a l’impression  qu’il ne nous reste rien d’autre.

Peu à peu, on découvre que ces personnages sont plus ou moins reliés et qu’ils vont tous assister au grand Pow-Wow d’Oakland, festivité locale majeure pour la communauté indienne de Californie.

Nous avons organisé des Pow-Wow parce que nous avions besoin d’un lieu de rassemblement. Un endroit où cultiver un lien entre tribu, un lien ancien qui nous permet de gagner un peu d’argent et qui nous donne un but, l’élaboration de nos tenues, nos chants, nos danses, nos musiques. Nous continuons de faire des Pow-Wow parce qu’il n’y a pas tant de lieux que ça où nous pouvons nous rassembler, nous voir, nous écouter.

Tout le roman nous porte inexorablement vers cette journée du Pow Wow où tout va basculer. Cette journée où un événement bouleversera les destinées…

Je dois dire qu’au début, j’ai eu un peu de mal à me retrouver dans tous les personnages. En effet, chaque chapitre traite d’un personnage différent parfois au présent et parfois avec des retours en arrière de plusieurs années. On découvre aussi que  certains ont des liens entre eux et les histoires s’entremêlent. Il m’a donc fallu, pour m’y retrouver dans l’histoire, noter les noms et les caractéristiques de chaque personnage dans mon petit carnet de lecture ! Néanmoins, dans la seconde moitié du roman, les personnages sont bien installés et j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt leur évolution.

Tommy Orange nous fait parfaitement ressentir leur mal-être, leurs doutes et leur difficuté à appréhender leur identité indienne dans un pays qui a tout fait pendant des siècles pour éradiquer cette identité. Chacun des personnages a un vécu différent mais tous sont confrontés a de nombreuses difficultés au quotidien.

Bref, vous l’aurez compris, j’ai trouvé ce premier roman très réussi avec des thématiques fortes et des portraits sombres mais criants de vérité.

3 commentaires

  1. […] Tommy Orange y dresse le portait d’Indiens d’aujourd’hui, un portait bien loin de l’image d’Epinal du « peau rouge » véhiculée aux USA. Ces indiens gardent le souvenir de ce qu’a été leur peuple mais ont du mal à définir leur identité et trouver leur place dans la nation américaine… Voir ma chronique complète d’Ici n’est plus ici de Tommy Orange […]

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