La gloire de mon père, Souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol

La Gloire de mon père est un livre que j’ai lu à de nombreuse reprises depuis mon enfance et, à chaque fois, il a le don de me transporter au cœur de la Provence. Au fil des pages, je peux presque entendre le chant des cigales et le frémissement des pins, sentir les parfums de la lavande et du thym.

Indissociable dans mon esprit de l’excellent film d’Yves Robert sorti en 1990, la voix du narrateur vient se superposer aux mots de Marcel Pagnol pour m’emporter dans ce petit coin de France qu’il a tant aimé.

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Titre : La gloire de mon père – Tome 1 des Souvenirs d’enfance

Auteur : Marcel Pagnol

Editeur : De Fallois

Pages : 222

Date de parution : 1957

Genre : Littérature française, classique, autobiographie

 

L’histoire


Marcel nous raconte son enfance, de ses premiers pas dans la petite ville d’Aubagne à ses premières leçons sur les bancs de l’école communale de Marseille, et surtout ses premières vacances à la Bastide Neuve. Ses parents, Joseph et Augustine ont loué une villa dans les collines de l’arrière pays et y emmènent Marcel, son frère Paul et sa petite sœur. Commencent alors pour Marcel des vacances de rêve ou le bonheur coule de source…

 

Mon avis


C’est avec une candeur toute enfantine que Marcel Pagnol nous relate ses premiers souvenirs d’enfance. Et c’est bien là, à mon sens, la virtuosité de Pagnol : parvenir à à donner au récit la naïveté et l’émerveillement propre à l’enfance via des mots d’adulte  sans que cela sonne faux ou paraisse exagéré.

Le début de l’histoire est léger avec la découverte des membres de la famille comme la rencontre de l’oncle Jules, personnage tonitruant qui « roulait les R comme un ruisseau roule des graviers » et qui se fait passer pour le propriétaire du parc ou Marcel se rend avec sa tante Rose.

Comme je lui conseillais un jour de faire construire une petite maison dans son admirable parc Borély, avec un balcon pour voir les cyclistes, il m’avoua, sur le mode badin, qu’il n’en avait jamais été le propriétaire.

Je fus consternée par la perte instantanée d’un si beau patrimoine, et je regrettai d’avoir si longtemps admiré un imposteur.

Je me suis beaucoup amusée des inquiétudes d’Augustine face à la précocité de son fils ainsi que des réflexions de celui-ci et son frère lors de la grossesse de sa tante Rose.

– Les enfants de vieux c’est toujours délicat…

– Rose n’a que vingt-huit ans ! protesta ma mère.

– Pour un premier enfant c’est déjà beaucoup. Et n’oubliez pas que son mari en a quarante !

– Trente neuf, dit ma mère.

– Vingt-huit et trente neuf font soixante sept ! Dit Mlle Guimard. […]

Une grande inquiétude me tourmentait. Nous allions voir un enfant de vieux : Mlle Guimard l’avait dit ; mais elle n’avait rien précisé, sauf qu’il aurait soixante huit ans. J’imaginai qu’il serait tout rabougri et qu’il aurait sans doute des cheveux blancs, avec une barbe blanche comme celle de mon grand-père – plus petite, évidement et plus fine – une barbe de bébé. Ça ne serait pas beau. Mais, il allait peut-être parler tout de suite et nous dire d’où il venait ! Ça, ce serait intéressant.

Joseph, le père, prend une part importante dans ces souvenirs. L’admiration et l’amour de Marcel Pagnol pour son père est palpable tout au long du roman. Si Joseph apparaît comme un homme instruit, fortement anticlérical, passionné par son métier, père aimant et attentif, c’est aussi avec beaucoup de tendresse que Marcel nous révèle ses petits défauts qui le rendent d’autant plus humain.

J’adorais  ces conférences politico-sociales de mon père, que j’interprétais à ma façon, et je me demandais pourquoi le Président de la République n’avait jamais pensé à l’appeler, tout au moins pendant les vacances, car il eut fait en trois semaines le bonheur de l’humanité.

Très vite, on est embarqué à la découverte de la Bastide Neuve, leur villa dans les collines. C’est la « maison du bonheur »

Je ne pus y distinguer rien d’autre qu’une petite foret d’oliviers et d’amandiers, qui mariaient leurs branches folles au dessus de broussailles enchevêtrées : mais cette foret vierge en miniature, je l’avais vue dans tous mes rêves, et, suivi de Paul, je m’élançais en criant de bonheur.

L’auteur joue sur  nos sens : je m’imagine à merveille ces paysages de Provence, pinède et garrigue, je peux presque sentir la lavande et entendre les grillons. Les mots sont justes et poétiques et me font ressentir tout le bonheur de l’enfance.

Bref, un classique que j’adore et dont je ne me lasse pas. Il est suivi de 3 autres tomes : Le château de ma mère, Le temps des secrets et Le temps des amours.

Et vous, y-a-t-il des films que vous trouvez aussi réussis que l’œuvre originale ? Avez-vous aimé le film La Gloire de mon père de Yves Robert ?

 

Informations complémentaires


Adaptation cinématographique

la-gloire-de-mon-pere-filmLe roman La Gloire de mon père a été adapté au cinéma en 1990 par Yves Robert. Philippe Caubère et Nathalie Roussel y incarnent à merveilles Jospeh et Augustine, les parents de Marcel. Celui-ci est joué avec beaucoup de talent par Julien Ciamaca.

J’adore cette adaptation qui, à mon sens, retranscrit parfaitement l’ambiance, à la fois joyeuse et nostalgique, des vacances à la Bastide Neuve. Les paysages sont magnifiques et la musique de Vladimir Costa particulièrement bien adaptée.

La voix du narrateur (Jean-Pierre Darras) qui cite des extrait du livre apporte beaucoup et permet de passer sans difficulté du livre au film et inversement.

 

La Bastide Neuve

La maison de vacances des Pagnol, la Bastide Neuve, fait partie du Hameau des Bellons, sur la commune d’Allauch. Il se situe juste au dessus du village de La Treille relié à Marseille. Les collines chères à Pagnol appartiennent u massif du Garlaban (qui culmine à 714 mètres), entre le vallon de la Martheline (ou Martellène) et le vallon de Passe-Temps qui est un départ des sentiers de randonnée dans le massif

En 1934, Marcel Pagnol revient dans ces collines et achète à coté du village de La treille un grand domaine ou il tourne de très nombreux films. Souhaitant construire un « Hollywood provençal » il acquière une nouvelle propriété qui s’avère être le château dont le terrible gardien terrorisait sa mère dans son enfance.

Marcel Pagnol a été enterré au cimetière de La Treille auprès d’Augustine et de plusieurs membres de sa famille.

(source Wikipédia)

 

 

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